MIBA : 50 millions sous surveillance, mais la confiance reste à reconstruire
Par Gazetteinfos.net
Alors que le président Félix Tshisekedi s’apprête à fouler le sol de Mbuji-Mayi, une mise au point tardive de l’Administrateur Directeur Général de la MIBA, André Kabamba, vient raviver une controverse qui couvait depuis plus d’un an : qu’est-il advenu des 50 millions de dollars alloués à la relance de l’ex-géant minier ?
D’un côté, la communication officielle assure que les fonds sont bien là, logés dans un compte sécurisé, et qu’aucune dépense n’a encore été engagée. De l’autre, l’opinion publique exprime une lassitude profonde, nourrie par des années d’inertie, de promesses non tenues, et surtout par le silence prolongé de la direction de la MIBA sur ce dossier brûlant.
Un silence qui a coûté cher
Ce qui suscite l’indignation, ce n’est pas tant le fait que les fonds n’aient pas encore été utilisés, mais l’absence de transparence qui a entouré leur gestion. Pendant plus de douze mois, ni plan d’action, ni échéancier, ni rapport n’a été communiqué à la population locale. Une erreur stratégique majeure dans une région marquée par le chômage massif et la désindustrialisation.
La déclaration récente de l’ADG, intervenue à la veille d’une visite présidentielle, ressemble davantage à une tentative de contrôle des dégâts qu’à un véritable exercice de redevabilité. Trop peu, trop tard ? C’est ce que pensent de nombreux habitants de Mbuji-Mayi, pour qui chaque minute sans relance effective est une condamnation à l’oubli.

Le gouvernement joue la prudence
Du côté de Kinshasa, le discours est clair : il n’y aura ni précipitation ni gaspillage. Le président Tshisekedi a ordonné une gestion rigoureuse des 50 millions, après les échecs cuisants des précédents plans de relance. Aucune dépense ne peut être engagée sans approbation du ministre des Finances, et l’Unité de Gestion du Projet (UGP-MIBA) travaille encore à la phase préparatoire.
Des missions ont été menées à l’étranger pour s’inspirer de modèles miniers performants, notamment au Botswana, mais celles-ci ont été financées séparément. Aucun appel d’offres, aucune commande, aucun équipement n’a encore été acquis à ce jour. Le verrouillage est total.
Les retraités, grands oubliés
Mais au-delà de l’aspect économique, un drame social se joue en silence : celui des retraités de la MIBA. Depuis deux décennies, ces anciens agents vivent dans la précarité, sans pensions, sans soins, sans reconnaissance. Une tentative de régularisation a été lancée par le gouvernement en 2025, via le ministère des Finances. Mais, ironie amère, c’est la direction de la MIBA elle-même qui bloque le processus, n’ayant toujours pas transmis les dossiers sociaux requis.
Une occasion historique… à ne pas saboter
La relance de la MIBA est possible. Pour la première fois depuis des décennies, les fonds existent, la volonté politique est là, et les mécanismes de contrôle sont en place. Mais ce potentiel peut être anéanti si la communication reste opaque, si la direction générale persiste dans l’inertie, et si la société civile ne joue pas pleinement son rôle de vigie.
L’heure est venue de transformer la méfiance en vigilance constructive, et les discours en actes. Car à travers le destin de la MIBA, c’est celui du Kasaï Oriental – et plus largement d’un Congo en quête de réhabilitation économique – qui se joue.
Denis BABI WA MULUMBA















































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































