Par la rédaction de Gazetteinfos.net

Kinshasa —
Les déclarations explosives de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, révélées dans le cadre d’un arbitrage en Israël et publiées par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), jettent une nouvelle ombre sur les relations opaques entre les milieux d’affaires étrangers et les cercles du pouvoir congolais sous Joseph Kabila.

Pour la première fois, Dan Gertler admet avoir effectué d’importants paiements à Augustin Katumba Mwanke, ancien conseiller du président Kabila et figure centrale du régime. « Beaucoup d’argent a été payé à Katumba« , a-t-il reconnu, allant jusqu’à affirmer : « Tout ce que j’avais, la moitié était à lui » et « Je suis un roi en RDC jusqu’à ce jour ». Ces propos, tenus dans un contexte juridique, soulignent le rôle clé qu’aurait joué Katumba dans la structuration des affaires minières de Gertler en RDC.

Selon ces aveux, l’homme d’affaires gérait certaines parts d’actifs miniers et pétroliers au nom de Katumba, parfois via des sociétés communes, parfois distinctes. Il évoque même un prêt en espèces effectué à la Banque centrale du Congo, censément pour le compte de la société d’État MIBA (Minière de Bakwanga), dont les difficultés financières sont bien connues.

Malgré ces révélations, le tribunal israélien ne s’est pas prononcé sur la légalité des transactions, faute de preuves formelles de corruption. Néanmoins, ces aveux ravivent les interrogations sur l’appropriation des ressources minières congolaises, un dossier sensible dans un pays où les richesses naturelles cohabitent avec la pauvreté extrême.

La MIBA au cœur des turbulences

L’affaire rouvre également le débat sur la gouvernance de la MIBA, entreprise autrefois fleuron économique du Kasaï-Oriental. Des sources indiquent que plusieurs des concessions minières évoquées par Gertler pourraient concerner, directement ou indirectement, des actifs appartenant à la MIBA.

Katumba Mwanke, décédé en 2012 dans un accident d’avion, reste une figure mystérieuse et influente de cette époque. Bien que son rôle d’intermédiaire ait été souvent soupçonné, aucun élément juridique ne permet aujourd’hui de l’impliquer formellement dans un quelconque acte de corruption.

De son côté, un porte-parole de Joseph Kabila a nié toute implication de l’ancien président dans les affaires de Dan Gertler, qui a longtemps opéré en RDC grâce à des relations étroites avec le pouvoir en place.

Une gouvernance toujours en question

Alors que la MIBA tente encore de se remettre sur pied, la résurgence de cette affaire relance les questions sur la transparence dans la gestion des ressources naturelles du pays. De nombreux observateurs estiment qu’une enquête indépendante et rigoureuse est désormais nécessaire pour identifier les responsabilités, clarifier les circuits financiers en jeu et rétablir la confiance dans la gouvernance minière.

Denis BABI WA MULUMBA