Un procès, deux pouvoirs : le judiciaire et le politique à l’épreuve

Kinshasa, 29 mai 2025 — La scène politico-judiciaire congolaise s’enflamme après l’autorisation d’instruction donnée par l’Assemblée nationale contre Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice et garde des Sceaux, soupçonné d’un détournement de 19 millions de dollars américains. L’annonce a aussitôt suscité une vague de réactions, dont celle, très remarquée, du professeur de droit Sam Bokombe.
Sur sa page Facebook, jeudi soir, le constitutionnaliste a tenté de calmer les esprits, tout en dessinant les contours d’un procès qui promet d’être spectaculaire :
« Pas de panique ! Le ministère public étant un et indivisible, je suis certain que ce n’est pas le procureur général Firmin Mvonde qui portera l’accusation. Il désignera un autre magistrat pour ce faire. Dans tous les cas, on aura droit à des séances agitées et surréalistes avec, d’un côté, un suspect mégalomane, et de l’autre, un magistrat toujours humilié », a-t-il posté.
Ces propos laissent entrevoir la tension qui régnera autour de ce procès inédit impliquant l’un des piliers du gouvernement. La référence à un magistrat « toujours humilié » laisse entendre que l’affaire dépasse le simple cadre judiciaire et s’inscrit dans un contexte de rivalités et d’antagonismes plus profonds.
La décision de l’Assemblée nationale fait suite au réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, qui a estimé disposer d’éléments suffisants pour engager des poursuites contre le ministre Mutamba. Ce dernier, connu pour son verbe tranchant et sa forte présence médiatique, n’a pour l’instant pas officiellement réagi.
Le pays s’attend désormais à une procédure à forte charge politique et symbolique, dans laquelle les équilibres institutionnels, l’indépendance de la justice et la transparence des finances publiques seront scrutés à la loupe.
Un feuilleton judiciaire s’ouvre, et il s’annonce aussi explosif que déterminant pour l’image de la justice congolaise.
Rédaction