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Lambert Mende interpelle Joseph Kabila : une lettre ouverte au goût amer de désillusion

Kinshasa – 29 mai 2025
Dans une lettre ouverte poignante et sans détour adressée à l’ancien président Joseph Kabila, Lambert Mende, ancien ministre de la Communication et fidèle compagnon politique du régime passé, brise le silence. Il exprime, avec une lucidité désarmante, sa profonde déception face au récent discours de Kabila et à son retour par Goma, ville encore sous occupation étrangère.

Mende ne mâche pas ses mots. La « nausée métaphysique » qu’il dit ressentir après avoir entendu l’ancien chef de l’État résume le malaise d’une frange de la classe politique congolaise face à ce qu’ils perçoivent comme une réécriture biaisée de l’histoire récente du pays. « J’ai la pénible impression d’avoir été littéralement entubé pendant des années », écrit-il, dans une formule qui fait mouche et secoue l’opinion publique.

Ce qui irrite Mende, c’est surtout le silence de Kabila sur le rôle du Rwanda, et en particulier de son président Paul Kagame, dans les tragédies qui déchirent l’est de la République Démocratique du Congo depuis 1996. Il voit dans cette omission un reniement de la ligne nationaliste dure jadis défendue par Kabila père, Laurent-Désiré, assassiné en 2001.

L’ancien ministre rappelle que le président actuel, Félix Tshisekedi, ne peut être tenu seul responsable de la dégradation actuelle du pays, estimant injuste et réducteur de l’accabler tout en éludant la responsabilité historique des régimes précédents, y compris celui de Kabila. Il s’agit selon lui d’un refus de faire face à l’« arriération tragique » causée, entre autres, par un pillage systémique orchestré dans l’ombre par des puissances extérieures avec la complicité de certains acteurs régionaux.

Mende s’étonne aussi du choix de Goma, épicentre du conflit et symbole de la présence rwandaise en RDC, comme point d’entrée de Kabila dans le pays. Pour lui, ce choix, conjugué au silence sur Kagame, renforce une perception trouble : celle d’un ancien président dont les actes récents contredisent les principes énoncés par son père, et même ses propres engagements passés.

Cette lettre, au-delà de la rupture personnelle qu’elle révèle, soulève des interrogations majeures sur l’avenir du PPRD, la posture de Joseph Kabila dans le paysage politique à venir, et plus largement, sur la capacité des élites congolaises à faire face aux véritables enjeux de souveraineté et de mémoire.

Douglas Nkol MWANANGANA

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