Fedy Mukendi Kabengele : « Le discours de Kabila fait de lui un porte-parole du M23 et du Rwanda »

Ce samedi 24 mai, Fedy Mukendi Kabengele, cadre influent de l’Union pour les Valeurs Tshisekedistes (UVT), a vivement réagi à la récente prise de parole de l’ancien président Joseph Kabila. Pour lui, ce discours ne relève en rien d’un « bris de silence », mais plutôt d’une tentative désespérée de justification, contrainte par les récentes accusations de la justice militaire.
« Ce n’est pas la première fois que Kabila parle, donc il ne faut pas prétendre qu’il a brisé un quelconque silence. Il a été contraint de sortir de sa réserve pour se défendre des accusations graves qui pèsent sur lui, notamment celles ayant conduit à une demande de levée de ses immunités », a déclaré Fedy Mukendi devant la presse.
Selon lui, le contenu du discours de Joseph Kabila est « troublant » et le rapproche dangereusement d’un rôle de porte-voix des intérêts rwandais et du mouvement armé M23. « Il parle comme un avocat de l’AFC/M23. Au lieu de condamner clairement l’agression du Rwanda et l’occupation illégale de notre territoire, il reprend à son compte de vieux prétextes rwandais comme le soutien présumé du gouvernement congolais aux FDLR », accuse-t-il.
MUKENDI KABENGELE dénonce également ce qu’il qualifie de tentative de « balkanisation psychologique » du pays : « Joseph Kabila feint de s’inquiéter pour les Swahiliphones, alors que c’est un message manipulé par le Rwanda pour diviser les Congolais. Il oublie les millions de morts à l’Est, et choisit de relayer des discours de propagande. »
Le cadre de l’UVT s’indigne aussi de l’indulgence de Kabila face à l’occupation des territoires congolais : « Plutôt que de condamner fermement la présence de forces étrangères, il critique une décision souveraine du gouvernement de ne pas ouvrir des banques dans les zones sous contrôle ennemi. C’est exactement le genre de discours tenu par le M23 pour retourner la population contre Kinshasa. »
Enfin, Fedy Mukendi estime que les accusations de mauvaise gouvernance portées par l’ancien président contre les autorités actuelles relèvent d’un cynisme inacceptable : « Il accuse aujourd’hui les autres de dictature, de corruption, alors que ces tares ont marqué son propre régime. Le comble, c’est qu’il annonce même une visite prochaine à Goma, ville actuellement sous influence étrangère. Il confirme ainsi, indirectement, les soupçons de collusion avec les agresseurs. »
Ce discours, selon lui, ne fait que renforcer la pertinence de l’enquête judiciaire en cours. « Joseph Kabila ne fait que confirmer par ses propres mots les accusations de la justice militaire. Le peuple congolais saura faire la part des choses entre patriotisme et duplicité », conclut-il.
Denis BABI WA MULUMBA