Le 20 mai 1967 marque une date clé dans l’histoire politique du Zaïre (actuelle RDC) : la fondation du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR). Deux ans après son arrivée au pouvoir suite au coup d’État du 24 novembre 1965, le général Mobutu Sese Seko franchit une nouvelle étape en dotant son régime d’un parti politique unique. Le MPR, établi à travers le Manifeste de la Nsele, se positionne dès sa création comme un rejet des idéologies importées, notamment le capitalisme et le communisme.

Rédigé dans le domaine de la Nsele, à une quarantaine de kilomètres de Kinshasa, ce manifeste fondateur pose les bases d’un programme teinté de nationalisme et de populisme. Ce texte deviendra la pierre angulaire du parti unique qui dominera la scène politique zaïroise pendant plusieurs décennies. À ses débuts, le Manifeste de la Nsele a su séduire une large frange de l’élite intellectuelle et contribuer au renforcement de l’unité nationale dans un pays en quête de stabilité.

La rédaction du document n’a pas été le seul fait de Mobutu. Des figures politiques telles que Justin-Marie Bomboko, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Paul-Henri Kabaidi wa Kabaidi et Joseph Untube N’Singa Udjuu y ont également pris part. Toutefois, les origines idéologiques du MPR remontent à une influence moins connue mais capitale : celle de Pierre Mulele. Ce révolutionnaire, formé en Chine durant l’ère maoïste, a initié Mobutu et plusieurs de ses compagnons à l’idéologie révolutionnaire lorsqu’ils étaient élèves à l’École de formation des officiers de Luluabourg (aujourd’hui Kananga) dans les années 1950.

Loin d’être une simple initiative politique, le MPR s’inscrit donc dans une continuité idéologique profonde. Le choix du nom « Mouvement Populaire de la Révolution » reflète clairement cette inspiration : une volonté de transposer le modèle maoïste au contexte congolais. Contrairement à l’opinion répandue qui fait de Patrice Lumumba le mentor politique de Mobutu, c’est en réalité Pierre Mulele qui fut son véritable inspirateur sur le plan doctrinal.

Le Manifeste de la Nsele et la création du MPR ont ainsi scellé l’entrée du Zaïre dans une ère de parti unique, marquant durablement l’histoire politique du pays.

Bernard MUTOMBO