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TRIBUNE DIPLOMATIQUE — RDC : une puissance géostratégique en dormance à l’ère du basculement mondial .

Jean Serge Tshiben  Analyste en géostratégie et géopolitique, kabiliste inconditionnel. A livré ses expressions aux questions posées par votre rédaction Gazetteinfos.net a l’égard de la situation géographique de la RDC.

Le monde bascule,La République Démocratique du Congo observe en silence.

À l’heure où se redessinent les lignes de fracture du pouvoir mondial, où le Sud global s’émancipe des tutelles historiques et où les BRICS deviennent l’ossature d’un ordre multipolaire en gestation, la République Démocratique du Congo, État au potentiel stratégique hors-norme, demeure figée dans une posture attentiste. L’absence remarquée de Kinshasa aux commémorations du 80e anniversaire de la victoire soviétique à Moscou ne relève pas d’une simple négligence diplomatique ; elle cristallise l’incapacité d’une nation à s’inscrire dans les dynamiques géopolitiques de son temps.

Un monde en recomposition, une RDC en veilleuse .

Tandis que la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud affirment une volonté commune de remodeler l’architecture des relations internationales, les nations africaines les plus stratégiquement lucides s’empressent de rejoindre cette dynamique : le Zimbabwe, le Burkina Faso ou encore l’Égypte ont répondu présents à Moscou non par nostalgie idéologique, mais par projection stratégique. À contrario, la RDC, pourtant au cœur des enjeux contemporains, se tient à l’écart, comme engourdie dans une inertie diplomatique déconcertante.

RDC : Une centralité géographique, un rôle neutralisé .

Il n’existe pas de puissance géopolitique sans conscience géographique. La RDC est le cœur vibrant de l’Afrique centrale, détentrice de 60 % des réserves mondiales de cobalt, d’une biodiversité unique, de vastes potentialités hydroélectriques et agricoles. Cette concentration de ressources en fait, de facto, un pivot des transitions énergétique, écologique et technologique du XXIe siècle.  Et pourtant, Kinshasa demeure reléguée à la périphérie des grands arbitrages stratégiques.

Selon Henry Kissinger : « Qui contrôle les ressources contrôle les peuples ; qui contrôle les peuples contrôle l’avenir. » 
Encore faut-il que les peuples en question prennent conscience de leur pouvoir.

Une diplomatie sans doctrine, un État sans cap extérieur.

Une diplomatie n’a de puissance que si elle est portée par une vision. Or, depuis le début du mandat de Félix Tshisekedi, la politique étrangère congolaise donne à voir une gestion ponctuelle, fragmentée, souvent dictée par les impératifs du court terme. L’obsession sécuritaire intérieure a supplanté la projection extérieure. Le Congo semble errer dans un no man’s land diplomatique, naviguant à vue, sans boussole idéologique ni doctrine stratégique.

La coopération internationale, réduite à une rhétorique de la mendicité, trahit une absence d’audace. Il ne s’agit plus de quémander des aides, mais de négocier des partenariats fondés sur la réciprocité et le respect mutuel.

Raymond Aron écrivait avec justesse : « Un État fort lie sa légitimité intérieure à sa capacité d’action extérieure. »
La RDC doit renouer avec cette exigence.

Retour sur l’histoire : Joseph Kabila un homme politique passionné du développement intégral de la RDC .

L’histoire politique de la RDC est une succession de ruptures avortées et d’occasions manquées. Mais certaines séquences méritent d’être rappelées. Sous le président Joseph Kabila, une inflexion stratégique vers les puissances émergentes notamment la Chine et la Russie avait permis de sortir d’une dépendance exclusive à l’Occident.
Le « contrat chinois » décrié par les chancelleries occidentales s’est avéré aujourd’hui un levier concret pour doter le pays d’infrastructures de base.

À ceux qui doutaient de ce virage, Kabila répondait :  « Quand les vieux amis vous tournent le dos, les nouveaux partenaires méritent qu’on leur tende la main. »  Cette vision, traduisait une volonté d’émancipation géostratégique que l’on peine aujourd’hui à retrouver.

Le Congo face à l’urgence d’un réarmement stratégique .

Dans ce contexte de recomposition planétaire, quatre axes majeurs s’imposent à la diplomatie congolaise :

1. Redéfinir ses alliances : Non plus en fonction de fidélités idéologiques dépassées, mais sur la base d’intérêts stratégiques clairement assumés.

2. Hiérarchiser ses priorités économiques : En valorisant les minerais critiques, la souveraineté énergétique, et les chaînes de valeur locales.

3. Affirmer sa centralité régionale : En s’imposant comme moteur géopolitique de la SADC, de la Communauté d’Afrique de l’Est et de la CIRGL.

4. Réinvestir les forums multilatéraux : Pour défendre, avec force, une souveraineté technologique, environnementale et sécuritaire.

Car comme le rappelait Emmanuel Macron, dans un moment de lucidité diplomatique : « Le multilatéralisme n’a de sens que s’il repose sur la souveraineté de chacun. »
Le Congo doit cesser d’être ce géant paralysé, riche de ressources mais pauvre de vision.

Piloter ou périr : il n’y a pas d’alternative.

Les trois prochaines années seront déterminantes. La RDC peut choisir d’embrasser son destin de puissance émergente, de devenir un acteur influent dans l’élaboration du nouvel ordre mondial, ou se résigner à rester une variable d’ajustement entre les grandes puissances. Il y va de sa survie stratégique.
Comme le martelait Charles de Gaulle :

« Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. » Ne pas se positionner aujourd’hui, c’est abdiquer demain.

Reflexion d’alpha Mutombo Nkongolo

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