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Kasaï-Oriental : Quand la liberté d’informer se heurte à des murs invisibles (Tribune)

À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 2 mai, il est impératif de jeter un regard lucide sur les obstacles systémiques qui minent le journalisme au Kasaï-Oriental. Entre verrouillage des sources d’information, précarité financière des journalistes et coupage incontrôlé, la liberté d’expression vacille sous le poids des contraintes invisibles mais puissantes.

Un accès verrouillé à l’information

Dans plusieurs coins du Kasaï-Oriental, accéder à l’information relève du parcours du combattant. Certaines sources, qu’elles soient administratives, politiques ou sécuritaires, ferment délibérément la porte aux journalistes. L’information est verrouillée, filtrée, contrôlée – une tendance inquiétante dans une société démocratique où le droit à l’information devrait être un pilier intangible.

Le refus de communiquer certaines données, souvent motivé par la peur de l’image ou la volonté de dissimuler des faits, empêche un traitement rigoureux et objectif de l’actualité. Cette opacité volontaire fragilise la fonction de veille du journaliste, le réduisant parfois au rôle de relais passif de la communication officielle.

Précarité et dépendance : le journalisme en survie

Dans un contexte de crise économique généralisée, la situation des journalistes est d’autant plus alarmante. Beaucoup travaillent sans contrat ni rémunération régulière dans leurs médias respectifs. Ce manque de paiement chronique affecte gravement l’indépendance éditoriale et la qualité du travail journalistique.

Privés de moyens et contraints de vivre de débrouillardise, certains journalistes tombent dans le piège de la compromission : ils deviennent dépendants de leurs sources, de leurs annonceurs ou des « enveloppes » pour survivre. L’absence de distance critique, pourtant essentielle à l’analyse des faits, devient alors un dommage collatéral.

Le coupage, ce poison silencieux

Pratique bien connue dans le jargon professionnel, le « coupage » — cette rémunération officieuse perçue en échange de la couverture d’un événement ou de la diffusion d’un message — s’est institutionnalisé dans plusieurs médias de la région. Ce phénomène, largement toléré, sape l’éthique journalistique et biaise profondément l’agenda de l’information.

En privilégiant les sujets lucratifs au détriment de l’intérêt public, le coupage transforme peu à peu les médias en vitrines de propagande ou en plateformes publicitaires déguisées. Les voix critiques s’estompent, les enquêtes disparaissent, et la presse perd peu à peu sa raison d’être : informer librement et en toute indépendance.

Pour une presse libre et digne

Le 2 mai ne doit pas être qu’un rituel symbolique. C’est un appel à la refondation. Pour que la liberté de la presse soit réelle au Kasaï-Oriental, il faut garantir l’accès à l’information, professionnaliser le métier de journaliste, améliorer les conditions socio-économiques des professionnels et éradiquer les pratiques corruptrices.

Car sans une presse libre, critique et bien outillée, c’est la démocratie elle-même qui vacille.

Denis BABI WA MULUMBA

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