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Vers la paix en RDC : entre espoirs légitimes et résistances silencieuses (Tribune)

La guerre de Bunagana : un symbole de résistance nationale

Pendant de longs mois, la cité stratégique de Bunagana, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), fut le théâtre d’un affrontement tendu entre les Forces armées congolaises et les rebelles du M23, soutenus, selon plusieurs sources nationales et internationales, par le Rwanda. Si les premières offensives ennemies semblaient irrésistibles, l’avancée a été stoppée net. La ligne de front, malgré l’intensité des combats, n’a pas cédé. Les soldats congolais, malgré des moyens souvent insuffisants, ont tenu leur position avec bravoure.

Mais à mesure que les armes se taisaient, une autre bataille, moins visible, s’est engagée. Le conflit s’est déplacé des tranchées vers les bureaux, les salons, et les arrières-cours du pouvoir. À la guerre militaire a succédé une guerre d’influence, alimentée par l’argent, les intérêts miniers et les manœuvres diplomatiques.

Le double jeu des élites et l’érosion des convictions

C’est dans cette seconde phase du conflit qu’est apparue une fracture préoccupante au sein même du camp national. Des soupçons de trahison ont ébranlé la hiérarchie militaire, accusée d’avoir livré les troupes en pâture pour des intérêts personnels ou étrangers. Plusieurs voix de la société civile et des milieux proches de l’armée dénoncent aujourd’hui une forme de « désarmement moral », alimentée par des transactions obscures et une diplomatie parallèle.

Dans le même temps, une partie de la classe politique et de la société s’est montrée étrangement silencieuse, voire complaisante, face à l’avancée ennemie. Certains commentateurs, influents sur les réseaux sociaux ou dans les médias, ont préféré mettre en doute les efforts de défense nationale plutôt que de condamner l’agression. Leur patriotisme affiché semble parfois masquer d’autres agendas.

Une opportunité diplomatique saluée… mais controversée

C’est dans ce contexte de tension que l’annonce d’un accord en négociation à Washington a ravivé le débat. Selon les premières informations disponibles, cet accord viserait à établir un processus de retrait progressif des forces étrangères présentes sur le sol congolais, à relancer une coordination militaire interne, et à consolider les frontières nationales. Il ne s’agit pas d’un traité de paix au sens strict, mais plutôt d’un cadre de désescalade et de transition.

Des critiques n’ont pas tardé à émerger, dénonçant une “capitulation déguisée” ou encore une “normalisation de l’occupation”. Pourtant, de nombreux analystes soulignent que cet accord, bien que loin d’être parfait, représente une ouverture rare dans un conflit enlisé depuis des années. Il offre à la RDC l’opportunité de se réorganiser, de reconstruire ses forces armées, et de préparer, dans le calme, un retour à la souveraineté pleine et entière.

Un leadership salué pour sa résilience

Face aux critiques, le président de la République et sa diplomatie ont fait preuve d’une constance notable. La ministre des Affaires étrangères, en particulier, a joué un rôle clé dans les coulisses, œuvrant discrètement pour construire les ponts que les armes n’ont pu abattre. Son approche, jugée pragmatique par ses pairs, contraste avec les discours plus radicaux qui dominent parfois le débat public.

Ce travail diplomatique a été mené dans un contexte délicat, entre pressions internationales, tensions régionales et impatience de la population. Il mérite d’être reconnu comme un effort sérieux de sortie de crise.

Un choix stratégique pour l’avenir de la RDC

Alors que l’accord en gestation pourrait constituer une étape cruciale vers la stabilisation de la région, la société congolaise se trouve face à un choix : soutenir la voie d’un apaisement progressif, ou rester prisonnière de postures idéologiques qui ne servent ni la paix, ni la souveraineté. Les critiques sont légitimes, mais elles ne doivent pas empêcher d’envisager les bénéfices à long terme d’un compromis maîtrisé.

La RDC a besoin de paix, non comme une fin en soi, mais comme un préalable au développement, à la réforme des institutions, et à la reconquête de ses territoires sur des bases durables. À ceux qui brandissent le mot « trahison », une question simple : quelle alternative crédible proposent-ils ?

Denis BABI WA MULUMBA

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