RDC : la controverse autour de la prétendue loi « Kazadi-Tshilumbayi » secoue la scène politique

Une proposition de loi controversée, un démenti cinglant, et une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux : depuis vendredi, la République démocratique du Congo est en proie à une véritable tempête politique. En cause, un document qui circule sur la toile, présenté comme une proposition de loi constitutionnelle aux effets explosifs. Baptisé — de manière non officielle — « Kazadi-Tshilumbayi », le texte propose de prolonger le mandat du président Félix Tshisekedi en cas d’agression militaire étrangère.
Le document, structuré et signé, suggère qu’en période de guerre reconnue, le calendrier électoral serait suspendu, permettant au président en exercice de rester en fonction durant tout le conflit. Une transition post-crise de 36 mois est même envisagée, à l’issue de laquelle le président pourrait se représenter. Les auteurs supposés avancent des justifications sécuritaires et des garde-fous pour prévenir les abus. Mais la proposition, réelle ou fabriquée, a immédiatement provoqué un tollé.

Démenti catégorique de Kazadi
L’un des noms associés au texte, Peter Kazadi, figure de l’UDPS et ancien vice-Premier ministre de l’Intérieur, a vivement réagi. « C’est une pure invention destinée à semer la confusion », a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale, accusant certaines puissances étrangères — notamment le Rwanda — d’être derrière cette « manipulation médiatique » visant à discréditer le chef de l’État. Il a également pointé du doigt le journaliste Steve Wembi, qu’il soupçonne d’avoir amplifié la diffusion du document.
L’opposition tire la sonnette d’alarme
L’opposition n’a pas tardé à s’emparer de l’affaire. Pour Olivier Kamitatu, proche de Moïse Katumbi, cette prétendue loi est « un putsch déguisé ». Il dénonce une tentative inacceptable de remise en cause de l’article 220 de la Constitution, qui verrouille toute modification sur la durée ou le nombre de mandats présidentiels. Plusieurs figures politiques redoutent une manœuvre visant à institutionnaliser l’état d’exception pour perpétuer le pouvoir en place.
Une opinion publique partagée, un contexte fragile
Alors que le texte continue de circuler en ligne, le doute persiste. S’agit-il d’un ballon d’essai du pouvoir, d’une fuite authentique ou d’un faux savamment élaboré par l’opposition ? En toile de fond, la guerre dans l’est du pays, avec la présence du M23 soutenu par Kigali, alimente les spéculations.
Alpha MUTOMBO MBIKAYI