Le M23 esquive la négociation : Félix Tshisekedi voit sa prophétie se réaliser ( Tribune)

Une décision qui soulève des interrogations
Le refus du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de participer aux pourparlers de Luanda vient raviver les tensions diplomatiques concernant la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que ces discussions avaient pour objectif de trouver une issue pacifique à un conflit meurtrier, l’absence du M23 soulève de nombreuses questions sur la réelle volonté de ce groupe rebelle d’aboutir à une paix durable.
Cette position renforce en effet les accusations formulées par le président Félix Tshisekedi, qui ne cesse de dénoncer les intentions cachées de cette coalition, soutenue par le Rwanda. Si la communauté internationale semblait avoir placé de grands espoirs dans ces négociations, le retrait du M23 remet en cause la crédibilité de toute solution diplomatique.
Le prétexte des sanctions : un argument fragile
Le M23 et l’AFC ont invoqué les sanctions européennes à l’encontre de certains de leurs membres comme raison de leur absence. Toutefois, cette justification peine à convaincre les observateurs internationaux. Jean-Marc Chataigner, ancien ambassadeur de l’Union européenne en RDC, a rapidement réagi en affirmant que ces sanctions ne constituaient nullement un obstacle à la participation des rebelles aux négociations.
Dès lors, cette explication semble davantage relever d’un prétexte pour esquiver les discussions que d’une véritable contrainte. En rejetant la possibilité d’une négociation diplomatique, le M23 renforce les suspicions selon lesquelles il ne s’agit en réalité que d’un outil de déstabilisation au service des intérêts du Rwanda.
Un déclin de la légitimité de l’AFC et du M23
L’absence de véritable volonté diplomatique de la part du M23 et de l’AFC s’ajoute à la série d’échecs des précédentes tentatives de résoudre la crise, notamment l’échec du protocole d’accord entre la RDC et le Rwanda. Ces échecs ont contribué à entamer la légitimité de ces groupes, de plus en plus perçus comme des instruments dans la main de Kigali, plutôt que comme des acteurs indépendants cherchant à défendre des causes locales.
Dans ce contexte, l’AFC et le M23 apparaissent de moins en moins comme des forces capables de peser sur le processus de paix. Leur soutien, de plus en plus contesté, semble s’éroder à mesure que la réalité des enjeux géopolitiques s’impose. Les accusations de Félix Tshisekedi, qui évoque sans relâche l’implication du Rwanda dans le conflit, trouvent ainsi un écho de plus en plus fort au sein de la communauté internationale.
Une situation toujours explosive
Les combats continuent de ravager l’Est de la RDC, et la situation demeure critique. Alors que le M23 persiste dans son refus de négocier, la question de savoir qui détient réellement les leviers du pouvoir dans cette guerre complexe reste en suspens. Les observateurs suivent de près les développements sur le terrain, notamment la capacité des forces loyalistes de la RDC à regagner les territoires occupés.
Denis BABI WA MULUMBA