Par Gazetteinfos.net

À Kinshasa, capitale surpeuplée de la République Démocratique du Congo, les moyens de transport sont devenus une question cruciale dans le quotidien des habitants. Alors que les embouteillages deviennent de plus en plus insoutenables et que les entreprises publiques de transport sont quasi en faillite, un acteur inattendu émerge : les « Wewas », ces motocyclistes devenus incontournables dans le paysage urbain de Kinshasa.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Environ 300 000 « Wewas » sillonnent chaque jour les rues de Kinshasa, contribuant à alléger les déplacements de plus de 17 millions d’habitants. Leur rôle n’est pas seulement fonctionnel, mais aussi économique. À un moment où l’option du chômage pèse lourdement sur la majorité des jeunes, ces conducteurs de moto trouvent dans leur activité une forme d’emploi, malgré l’absence de reconnaissance sociale. En effet, certains Wewas génèrent des revenus quotidiens allant jusqu’à 50 dollars, et environ 800 000 personnes dépendent directement des services de transport offerts par ces derniers.

Pourtant, malgré cette dynamique économique, les jeunes conducteurs de moto restent marqués par la précarité. Si certains arrivent à faire face à la vie avec résilience, ils sont également victimes des abus de la police, qui les soumet à des tracasseries constantes. Loin d’être des acteurs passifs, ces motocyclistes ont réussi à se faire une place dans le tissu social et même politique de la capitale, en devenant une force d’influence dans un environnement où les luttes et les passions politiques s’expriment haut et fort.

Ainsi, bien que leur métier soit perçu comme moins prestigieux, les « Wewas » participent activement à l’économie locale et sont devenus un élément structurant de la vie urbaine à Kinshasa. Leurs trajectoires illustrent la résilience des jeunes Congolais face à la précarité, tout en mettant en lumière les défis de la mobilité dans une capitale où l’économie informelle domine. Un combat quotidien entre la survie et la dignité dans un pays qui lutte encore pour surmonter la pauvreté endémique.

Les « Wewas » sont bien plus que de simples motocyclistes. Ils sont les symboles d’une ville qui, bien que frappée par la pauvreté, ne cesse de se réinventer.

Francine MUKEBA