DIALOGUE AVEC LES M23 : Angola, M23, et les Puissances Mondiales en Conflit ?

L’Angola veut-il reprendre contact avec les M23 ? Le dernier retournement de la diplomatie angolaise a secoué la scène internationale. Après avoir renoncé à son rôle de médiateur dans le conflit congolais, l’Angola semble désormais vouloir revenir dans le jeu. Cette volte-face soulève bien des interrogations : que cache ce changement de cap ? Et quelles sont les véritables intentions des grandes puissances impliquées dans ce dossier brûlant ?
Un revirement inattendu de l’Angola
Il y a quelques semaines, le président angolais, João Lourenço, s’était officiellement retiré de son rôle de médiateur dans le conflit entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le groupe rebelle M23. Un échec cuisant pour un pays dont l’ambition était de jouer un rôle clé dans la résolution de cette crise. Le président rwandais, Paul Kagame, n’avait d’ailleurs pas manqué de se moquer de cette situation en qualifiant le médiateur de « trop impliqué dans le processus lui-même ». Mais hier, coup de théâtre : un post Facebook révélant que l’Angola souhaite désormais renouer le dialogue avec le M23 a choqué le monde. Que se passe-t-il réellement dans les coulisses de cette diplomatie en perpétuelle mutation ?
La RDC : un enjeu stratégique pour tous
Si l’on doit comparer la situation géopolitique actuelle à une scène de cour, la RDC serait cette « belle femme » courtisée par de multiples prétendants. Les « harceleurs » sont bien connus : le Rwanda, dont l’implication dans le soutien aux M23 est de plus en plus évidente. Et au centre de cette danse diplomatique, des hommes puissants prêts à tout pour séduire la RDC, dont les États-Unis, qui viennent de renforcer leur partenariat avec Kinshasa.
Les accords USA-RDC : un changement de paradigme
L’accord récent entre les États-Unis et la RDC marque un tournant majeur. Ce rapprochement stratégique entre les deux pays pourrait avoir des implications profondes, notamment sur le développement de la RDC et l’extension de son port de Banana. Le projet du corridor de Lobito, cher à l’Angola, pourrait se retrouver en compétition directe avec ce projet. L’Angola, sentant l’urgence de la situation, n’a pas tardé à réagir. La France, elle, semble elle aussi vouloir se repositionner stratégiquement, en convoquant une réunion à huis clos au Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter des sanctions possibles contre le Rwanda. Mais dans ce grand jeu de dominos, il semble que le véritable poids diplomatique repose désormais sur les États-Unis.
La question angolaise : pourquoi ce revirement ?
L’Angola, en voyant les États-Unis renforcer leur emprise sur la RDC, prend un risque calculé en revenant vers le M23. Ce dernier n’est plus simplement un groupe rebelle, mais un acteur crucial dans la dynamique régionale. Le port de Banana en RDC pourrait offrir un contrepoids à l’ambition angolaise de développer son corridor de Lobito. En se rapprochant des M23, l’Angola espère non seulement calmer le conflit mais aussi préserver ses intérêts stratégiques avant qu’une intervention américaine ne bouscule la situation.
Un dialogue sans issue ?
Le plan angolais semble clair : tenter de « boucler » la crise en évitant une domination américaine trop marquée. Le rôle de la RDC, cependant, demeure central. Le président Félix Tshisekedi a déjà placé la barre très haut en affirmant qu’aucun dialogue direct ne serait engagé avec le M23 sans préalables. Pour l’instant, ce sont les résolutions de l’ONU, exigeant le retrait du M23 et du Rwanda, qui prévalent. Le dialogue semble limité, et l’Angola pourrait jouer un rôle de médiateur secondaire, bien que ce soit la RDC qui ait, en dernière instance, le dernier mot.
Les grandes puissances en embuscade
Ce revirement angolais survient à un moment où les grandes puissances semblent se positionner pour prendre part au règlement du conflit. Les États-Unis, avec un soutien militaire possible, pourraient bien changer la donne. Quant à la France, elle cherche à regagner de l’influence après avoir pris du retard dans cette lutte pour le contrôle de l’équilibre régional. Dans ce contexte, la question est désormais de savoir qui dictera la marche à suivre.
Un avenir incertain : tensions diplomatiques à prévoir
Les prochains mois s’annoncent cruciaux. Entre le 13 et le 17 mars, et au-delà, des réunions diplomatiques seront déterminantes pour l’évolution du dossier. Si l’Angola entend jouer un rôle clé, la RDC, quant à elle, semble résolue à maintenir sa souveraineté intacte, tout en manœuvrant habilement entre les intérêts de ses voisins et ceux des puissances occidentales. L’issue de cette crise pourrait bien redéfinir la géopolitique régionale, et les cartes risquent de changer rapidement.
Denis BABI WA MULUMBA