RDC : Lubanga reprend les armes depuis l’Ouganda : que cache son retour dans la rébellion congolaise ?

Après plusieurs années de silence, Thomas Lubanga, ex-condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, fait son grand retour dans la scène politique et militaire. Depuis l’Ouganda, il a annoncé la création de la « Convention pour la Révolution Populaire » (CRP), un mouvement rebelle visant à « libérer l’Ituri », une province de la République Démocratique du Congo (RDC) en proie à des violences incessantes.

Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu en RDC, où plusieurs groupes armés, dont la CODECO, le FRPI et l’AIPC, tous auteurs de crimes documentés par l’ONU, se sont regroupés sous l’égide de Lubanga au sein de son nouveau front rebelle : les Forces Révolutionnaires Populaires (FRP). Ce retour sur la scène de la rébellion relance des interrogations sur les véritables motivations de cet ex-leader, après sa condamnation en 2012 pour le recrutement d’enfants soldats et sa libération en 2020.
Lubanga, dont le nom reste lié à des atrocités commises dans les années 2000, notamment en Ituri, semble aujourd’hui vouloir capitaliser sur un contexte de violence toujours aussi prégnant. L’Ituri, région d’extraction des ressources naturelles mais également de violences interethniques, est une zone de conflits où l’autorité de l’État est faible, et où les groupes armés trouvent facilement des terreaux fertiles pour prospérer. L’initiative de Lubanga intervient également alors que d’autres figures politiques, comme Corneille Nangaa, ont rejoint des fronts rebelles, alimentant les spéculations sur un soutien extérieur, notamment du Rwanda.
La question qui se pose aujourd’hui est celle de l’impact de ce nouveau mouvement sur la stabilité de la RDC. Le pays est déjà en proie à une insécurité croissante, exacerbée par la présence de nombreux groupes armés et la lente mise en place d’un dialogue national. Alors que des appels à la réconciliation nationale se multiplient, la recrudescence de violences, alimentées par des acteurs comme Lubanga, pourrait bien compromettre tout effort de pacification.
Pourquoi certains Congolais choisissent-ils encore de prendre les armes plutôt que de négocier un retour à la paix ? Qui finance réellement ces groupes rebelles ? Et surtout, la RDC est-elle en danger de sombrer dans une nouvelle escalade de violences à grande échelle ? Ces questions, plus que jamais, sont au cœur des préoccupations internationales et nationales alors que la situation en Ituri et au-delà semble s’envenimer.
Denis BABI WA MULUMBA