Lutte pour la paix en RDC : l’internationaliste Guy Lebel Ntambwa appelle à une transformation profonde de l’élite politique

Dans un entretien exclusif accordé à gazetteinfos.net, Guy Lebel Ntambwa Kayembe, Chef des travaux et maître de conférences à la faculté des relations internationales de l’Université officielle de Mbuji-Mayi, s’est exprimé sur la situation géopolitique et géoéconomique actuelle de la République Démocratique du Congo (RDC). Il a souligné que le pays traverse une période inédite de son histoire, marquée par des tensions à l’Est dues à la guerre d’agression menée par le Rwanda.
Selon Guy Lebel Ntambwa, la région orientale de la RDC est confrontée à l’intrusion de forces étrangères sous prétexte d’une application du droit international, notamment le droit de poursuite, que le Rwanda invoque pour justifier ses actions contre les présumés génocidaires rwandais réfugiés en RDC. Cependant, l’analyste considère ces justifications comme des alibis politiques et sécuritaires sans fondement réel, visant à masquer une guerre géoéconomique de fond.
« Le Rwanda vole ces matières premières stratégiques, au vu et au su de la communauté internationale, tout en massacrant des populations et en violant les conventions internationales », a-t-il expliqué. Il fait référence aux ressources naturelles de la RDC, considérées comme des réserves mondiales en minéraux et technologies d’avenir dans des secteurs comme l’énergie, l’électronique, l’automobile et l’aéronautique.
Il a également critiqué l’attitude des puissances occidentales, telles que les États-Unis, le Canada, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, qui, malgré les millions de morts en RDC et l’agression rwandaise manifeste, se sont montrées lentes à réagir. Guy Lebel Ntambwa a souligné que la situation en RDC s’inscrit dans une logique géostratégique plus large, où l’Occident continue de profiter des ressources congolaises tout en minimisant la souffrance des populations locales.
Tout en reconnaissant les efforts diplomatiques de l’administration du président Félix-Antoine Tshisekedi, l’analyste estime que la diplomatie congolaise, bien qu’offensive, doit encore se renforcer pour contrer cette guerre géoéconomique. Il suggère notamment une repensée de la stratégie géostratégique de la RDC tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, en prenant des mesures concrètes telles que la démilitarisation et la neutralisation de la région orientale.
« Le développement de l’Afrique, comme l’ont soutenu des figures panafricanistes telles que Kwame Nkrumah et Samir Amin, ne sera possible qu’en rejetant les velléités condescendantes de l’Occident », a-t-il conclu. Pour lui, la paix durable en RDC dépendra d’une action géostratégique forte et d’un « consciencisme profond », loin des discours patriotiques mais insuffisants.
Denis BABI WA MULUMBA