La RDC suspend ses exportations de cobalt pour relancer les prix mondiaux

La République Démocratique du Congo (RDC), qui détient près de 70% des réserves mondiales de cobalt, a annoncé fin février 2025 la suspension temporaire de toutes ses exportations de cobalt pour une période de quatre mois. Selon la rfi consultée par gazetteinfos.net , l’objectif est de créer une rareté sur le marché mondial et ainsi, de stimuler une remontée des prix. Actuellement, le marché souffre d’un excédent de cobalt, un minerai crucial dans la fabrication des batteries électriques, ce qui a conduit les prix à atteindre des niveaux historiquement bas.
Depuis le début de l’année 2025, la tonne de cobalt se négocie à environ 21 000 dollars, soit quatre fois moins que sa valeur en 2022, qui dépassait les 80 000 dollars. Selon certains analystes, cette chute des prix est attribuée à une surproduction. En suspendant ses exportations, Kinshasa cherche à rééquilibrer l’offre et la demande pour stabiliser le marché.
Franck Fwamba, responsable de la plateforme « Ne touche pas à mon cobalt », explique que la surproduction nuit à la RDC de plusieurs manières : en réduisant ses réserves, en augmentant les stocks en Chine, et en privant le pays de la valeur ajoutée du cobalt, qui est principalement exporté sous forme de concentré, avant d’être raffiné à l’étranger.
Cette décision affecte également le secteur artisanal, avec de nombreux mineurs ayant cessé l’extraction du cobalt en raison de la baisse de la demande. À Kolwezi, dans le sud de la RDC, Chadrack Mukad, directeur de l’association CASMIA, déplore que les mineurs ne parviennent plus à vendre leur cobalt, même à des prix très bas, car les acheteurs ne se concentrent que sur le cuivre, délaissant le cobalt.
Certains analystes suggèrent que cette décision pourrait également être motivée par des considérations géostratégiques, dans un contexte où la RDC est au cœur d’une compétition internationale pour le contrôle de ses ressources. Les États-Unis, l’Europe et la Chine cherchent tous à sécuriser l’approvisionnement en minerais critiques, dont le cobalt. Cependant, Jean-Pierre Okenda, expert du secteur extractif en RDC, tempère cette analyse, soulignant qu’il n’y a quasiment pas d’usines de raffinerie de cobalt aux États-Unis, bien que les États-Unis et l’Europe s’intéressent de plus en plus à la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement des minéraux essentiels.
En attendant, le géant chinois CMOC, qui représente une part importante de la production mondiale de cobalt, a déjà entamé des discussions avec le gouvernement congolais pour explorer les solutions possibles à cette crise de surproduction.
Douglas Nkol MWANANGANA