La République Démocratique du Congo (RDC), leader mondial dans les réserves de cobalt, a annoncé la suspension de ses exportations de ce minerai stratégique, un choix qui vise à réguler un marché en crise. La décision, rendue publique par l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (AERCOMS) le week-end dernier, fait suite à une chute drastique des prix du cobalt. Actuellement à 21 388 USD la tonne, le prix du cobalt a été multiplié par quatre il y a à peine trois ans, impactant les revenus miniers du pays.

La RDC, qui détient 70 % des réserves mondiales, subit de plein fouet cette chute. Le pays, qui dépend largement des recettes issues des minerais stratégiques, voit ses finances nationales fragilisées. Pour contrer cette situation, l’AERCOMS a suspendu toutes les exportations de cobalt pour une période de quatre mois, qu’elles soient industrielles ou artisanales. Cette mesure, bien que nécessaire sur le plan économique, a des répercussions tant locales qu’internationales.

Certains acteurs de la société civile soutiennent cette initiative, affirmant qu’elle est cruciale pour la régulation du marché mondial saturé, en particulier en raison de l’influence de la Chine. D’autres, cependant, mettent en garde contre les conséquences négatives de la suspension, notamment sur les revenus des entreprises locales et sur l’économie du pays. Le manque à gagner pour les entités locales, qui dépendent des redevances minières, pourrait entraîner une crise économique à court terme.

Le secteur artisanal, en particulier, fait face à des difficultés supplémentaires. Depuis plus d’un an, le cobalt artisanal de la région de Kolwezi n’a plus de demande, et les exploitants ont abandonné l’extraction. Bien que certains estiment que cette suspension pourrait profiter au pays à long terme si les prix remontent, les prévisions d’une reprise rapide restent incertaines.

Enfin, la mesure pourrait affecter de grands producteurs comme le groupe chinois CMOC, déjà premier producteur mondial en 2024, avec des prévisions de production en forte hausse pour 2025. Bien que la suspension ne concerne pas la production de cobalt, certains analystes s’inquiètent d’un excédent de stocks qui pourrait provoquer une nouvelle baisse des prix lorsque la mesure sera levée.

La suspension des exportations de cobalt en RDC est une décision audacieuse qui vise à redresser un marché en crise, mais elle soulève aussi des interrogations sur les impacts économiques à court et moyen terme, tant pour la RDC que pour le marché mondial.

DBM