Jean-Marc Kabund : « Ma libération ne répare pas l’injustice, elle la révèle »

Jean-Marc Kabund, ancien vice-président de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC), a récemment pris la parole pour dénoncer l’état actuel de son pays et exprimer ses positions fermes sur les récentes évolutions politiques. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Kabund a affirmé avoir refusé toute collaboration avec une justice qu’il qualifie de « aux ordres », et a souligné l’illégalité de son emprisonnement. Sa libération, bien que saluée, n’est, selon lui, qu’un révélateur de l’injustice qui prévaut dans le pays.
« Vous m’avez illégalement enfermé, vous me libérerez sans conditions », a déclaré Jean-Marc Kabund, indiquant son refus catégorique d’accepter un système judiciaire qu’il juge partial et sous l’influence des autorités en place. Il a insisté sur le fait que cette libération ne corrigeait en rien l’injustice, mais mettait plutôt en lumière la gravité du système actuel.
Dans son discours, Kabund ne s’est pas limité à son propre cas, mais a exprimé son inquiétude face à la situation générale du pays. Il a déploré la violence grandissante, notamment dans l’Est, dévasté par la guerre, ainsi que l’appauvrissement de la population, où 80 % des Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Selon lui, ces drames sont le résultat d’une gestion politique clientéliste et d’un mépris total pour l’État de droit.
Jean-Marc Kabund a également abordé la question d’une révision constitutionnelle en cours. Si, selon lui, une révision ponctuelle pourrait être légitime si elle servait l’intérêt général, il a fermement rejeté toute tentative de modification de la Constitution pour permettre un troisième mandat présidentiel, voire plus. Une telle démarche, selon lui, serait un véritable « coup d’État constitutionnel ». Il a rappelé que ce projet était en contradiction totale avec les valeurs démocratiques incarnées par Étienne Tshisekedi, figure de proue de l’opposition congolaise et défenseur des droits humains, dont la mémoire serait, selon Kabund, insultée par cette tentative de révision.
Pour Jean-Marc Kabund, cette manœuvre ne ferait qu’aggraver les fractures sociales et sécuritaires du pays, illustrées par les discours belliqueux des promoteurs de ce projet. Selon lui, cette dérive institutionnelle est l’une des raisons majeures du chaos actuel dans lequel se trouve la RDC.
DBM