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Coltan et guerre : L’exploitation illégale des minerais par la coalition AFC-M23 au Nord-Kivu

Un rapport des Nations-Unies dévoile un système de contrôle sophistiqué sur l’extraction et l’exportation du coltan, alimentant le conflit dans les Grands Lacs.

Le contrôle stratégique de Rubaya : une source de financement pour l’AFC-M23


Dans un rapport accablant, le groupe d’experts des Nations-Unies révèle que la coalition AFC-M23 a mis en place un système de contrôle rigoureux sur l’extraction et l’exportation du coltan dans la région de Rubaya, au Nord-Kivu. Ce contrôle a permis à la coalition armée de générer des revenus considérables, soutenant ainsi ses activités militaires et son emprise territoriale. L’exploitation du coltan, un minerai stratégique pour l’industrie électronique, a ainsi été détournée à des fins de guerre, renforçant l’économie parallèle de la rébellion.

Mine du coltan

150 tonnes de coltan exportées illégalement vers le Rwanda


Le rapport souligne que près de 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées de Rubaya vers le Rwanda, dans une opération illégale qui mêle les minéraux extraits dans la zone contrôlée par l’AFC-M23 à ceux produits légalement au Rwanda. Ce mélange a entraîné une contamination grave des chaînes d’approvisionnement des minéraux dits « 3T » (étain, tantale et tungstène), affectant la traçabilité et la transparence du marché régional. Selon les experts, cet incident constitue la plus grande contamination de ce type enregistrée au cours des dix dernières années, accentuant la crise éthique et environnementale liée à l’exploitation des ressources dans cette région.

Une taxe illégale pour financer la guerre et maintenir le contrôle


Le groupe d’experts met en lumière les revenus substantiels générés par les taxes sur la production et le commerce du coltan. L’AFC-M23 prélevait une taxe de 7 dollars par kilogramme de coltan et de manganèse, et 4 dollars par kilogramme d’étain. Ces prélèvements rapportaient près de 800 000 dollars par mois, fonds qui ont permis de financer les opérations militaires et de renforcer l’influence de la coalition dans la région. L’imposition de cette taxe, accompagnée de mesures coercitives, visait à établir un contrôle de facto sur les routes stratégiques reliant Rubaya à la frontière rwandaise, traversant notamment les localités de Mushaki, Kirolirwe, Kitshanga et Kibumba.

Coltan

Une administration parallèle et des méthodes coercitives


À Rubaya, l’AFC-M23 a instauré une administration parallèle quasi étatique, avec un « ministère » chargé de l’exploitation minière. Les creuseurs et les opérateurs économiques étaient obligés de payer des redevances annuelles variant de 25 à 250 dollars pour obtenir les permis nécessaires à l’exploitation. En plus des incitations financières, telles que des salaires doublés pour les travailleurs, des mesures répressives étaient mises en place, incluant des patrouilles armées et des détentions arbitraires, afin de garantir que seuls les opérateurs autorisés par la coalition puissent vendre les minerais.

Un impact régional et international préoccupant


Les experts notent que cette exploitation illégale des ressources n’a pas seulement profité à l’AFC-M23, mais a également alimenté l’économie rwandaise. En effet, les minerais extraits illégalement de la région ont été intégrés dans les circuits de production rwandais, compliquant ainsi les efforts de traçabilité des minerais dans la région des Grands Lacs. Cette situation met en lumière l’implication indirecte d’acteurs régionaux dans le financement de la guerre et de la déstabilisation, ce qui exacerbe les tensions politiques et militaires dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Un modèle d’exploitation systématique des ressources naturelles


Ce rapport illustre une fois de plus la manière dont les groupes armés exploitent les ressources naturelles pour financer leurs activités militaires, tout en affaiblissant les efforts de stabilisation et de développement dans la région. L’exploitation illégale du coltan à Rubaya s’inscrit dans un modèle systématique de contrôle des ressources naturelles, dont les retombées économiques et militaires soutiennent les groupes armés, contribuant ainsi à l’intensification du conflit dans les Grands Lacs. Cette situation continue de nourrir les tensions régionales, et pose un défi majeur à la communauté internationale dans ses efforts pour mettre fin à la violence et promouvoir la paix dans cette zone fragilisée.

                                                       DBM

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